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Depuis sa création à la demande des Editions Dupuis, Spirou a parcouru bien du chemin passant toutes les modes bédéistiques... et passant de mains en mains... L'histoire de Spirou, le personnage de bande dessinée, est intimement liée à l'histoire de Spirou, le journal hebdomadaire. Et cela dure depuis 1937…

 


Jean Dupuis entouré de son épouse Dahlia Dupuis et de leurs enfants (Paul est debout au milieu et Charles est à droite)
© Collection de la famille Dupuis
 

Il était une fois… Jean Dupuis

En 1875, Jean Dupuis voit le jour dans la ville minière de Marcinelle (aujourd'hui rattaché à la commune de Charleroi).

En 1898, à l'âge de 14 ans, il début ses activités d'imprimeur dans la cuisine familiale.

En 1922, directeur des Editions Dupuis qui publient essentiellement des romans, il se lance dans le monde de la presse en créant la revue Les Bonnes Soirées à destination des mères de familles.

En 1924, les Editions Dupuis lancent Le Moustique pour les pères de famille.

Au début des années 1930, elles proposent une version néerlandaise de ces deux revues. Mais en 1937, Jean Dupuis souhaite créer un journal pour les enfants. Il l'imagine composé de bandes dessinées d'artistes belges (alors que la plupart des bandes dessinées publiées à l'époque viennent des Etats Unis) et portant des valeurs "patriotiques, humanistes et éducatives"  plus en phase avec la jeunesse belge d'alors.

 


Agenda de Paul Dupuis en 1937 avec la liste des noms possibles pour le personnage porte drapeau du futur journal pour enfants
© Collection de la famille Dupuis

 

Une gestation familiale

Jean Dupuis va élaborer son projet en une douzaine de mois avec l'aide de son fils Paul Dupuis et de son gendre René Matthews.

Paul Dupuis commence par faire une étude de marché en Belgique mais aussi dans les deux autres pays francophones européens : la France et la Suisse.

Jean Dupuis souhaite que le futur journal soit porté par un personnage emblématique porteur de valeurs. Il en dresse même le portrait robot : "espiègle et généreux, jamais méchant, toujours loyal et droit".

Ce personnage a besoin d'un nom. Paul Dupuis en notera plus d'une vingtaine dans son agenda comme Franc Cœur, Mousse, Viva, Julot, P'tit Moustique ou Moucheron. Finalement c'est Spirou qui remporte les suffrages. En wallon, "spirou" est le surnom donné aux enfants remuants et malicieux [ nota : c'est aussi la traduction d'écureuil].

Pour dessiner le personnage, Charles Dupuis, le fils cadet de Jean, a repéré un parisien, Robert Velter dit Rob-Vel qui dessine alors depuis quelques mois Toto dans le journal français éponyme. Après plusieurs essais, les Dupuis valident l'idée de faire de leur porte drapeau un groom en livrée rouge dans un hôtel. Rob-Vel s'est inspiré des grooms du paquebot Ile-de-France où il a été steward.

Mais au moment de se lancer dans l'aventure, Rob-Vel est débordé de travail, il délègue alors Spirou à son confère Luc Lafnet, peintre liégeois installé à Paris qui dessine déjà sous le surnom de Davine, et à son épouse, Blanche Dumoulin, pour les scénarii. Une partie de l'histoire de Spirou méconnue voir même oubliée après 75 ans d'existence.

 


Première esquisse de Spirou par Rob-Vel en 1937 © Rob-Vel / Editions Dupuis (cliquez sur l'image pour l'agrandir)

 


Couverture du premier numéro du Journal de Spirou le 21 avril 1938
© Editions Dupuis
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

 

 

De la naissance à la renaissance

Le jeudi 21 avril 1938 marque la naissance officielle de Spirou avec la publication du premier numéro du Journal de Spirou (même si un numéro 0 a été distribué quelques jours plus tôt dans 200 000 boites aux lettres en Wallonie).

Publié toutes les semaines, le journal propose un mélange de bandes dessinées belges et une sélection de bandes américaines (en attendant que la production locale soit suffisante). Jean Doisy en est le rédacteur en chef. Le succès est rapide comme en attestent les adhésions au Club des amis de Spirou qui dispose de son insigne et de son code d'honneur.

Dans le numéro du 8 juin 1939, Rob-Vel et Blanche Dumoulin donnent un compagnon à Spirou. Spirou signifiant écureuil en wallon, ils créent Spip l'écureuil.

Mais l'année 1939 est doublement sombre pour Rob-Vel : au printemps, Luc Lafnet meurt d'un cancer foudroyant (il avait 40 ans) et en septembre il est mobilisé par l'armée française pour partir au front. Pendant plusieurs mois, il arrivera à transmettre régulièrement des planches aux Editions Dupuis via son épouse Blanche qui est restée vivre à Paris.

En Belgique occupée, les Editions Dupuis refusent de collaborer avec l'occupant nazi très intéressé par son outil industriel et ses journaux. Elles décident de suspendre la publication du Moustique dont les sujets sont trop proches de l'actualité tandis que Les Bonnes Soirées et Le journal de Spirou continuent d'être publiés. D'autant plus facilement que les autorités allemandes considèrent les contenus de ces deux titres comme "inoffensifs". Toutefois, en coulisses, de nombreux membres des Editions Dupuis participent à des actes de résistance. Parmi eux, Jean Doisy qui est membre du Front de l'indépendance, utilise Le journal de Spirou et le Club des amis de Spirou pour combattre l'idéologie nazie notamment au travers du code de l'honneur du Club.

Très vite, le guerre disperse la famille Dupuis : Jean passe en Angleterre, Paul est fait prisonnier (il sera libéré en 1941) et Charles échappe de peu à la captivité. La publication du journal est interrompue du 9 mai au 22 août 1940 où elle reprend grâce à Charles Dupuis et René Matthews,

En 1940, Rob-Vel est fait prisonnier. Après un relais d'urgence par Blanche Dumoulin, c'est Jijé (de son vrai nom Joseph Gillain), seul auteur disponible, prend alors le relais. Il sera aux commandes d'octobre 1940 à mars 1941.

Le 20 mars 1941, libéré, Rob-Vel reprend les crayons mais Jijé continue de rester présent sur certains dessins de Spirou en complément.

En 1942, la menace d'une interdiction de parution existant toujours, Jean Doisy demande au marionnettiste André Moons de monter un spectacle de marionnettes avec Spirou comme personnage central. Le spectacle permettra à Spirou de rester en contact avec ses lecteurs grâce à une tournée à travers toute la Wallonie.

En 1943, la fermeture des frontières entre la France et la Belgique pose des problèmes de communication entre Rob-Vel et les Editions Dupuis. L'éditeur doit trouver une solution rapidement et celle qui s'impose est le rachat des droits d'auteurs de Rob-Vel. Ce rachat forcé par la situation historique va s'avérer être l'un des fondements de la durée de vie de Spirou. En effet, avec ce rachat, les Editions Dupuis peuvent désormais confier Spirou à l'auteur de leur choix. Dans l'immédiat, ce sera Jijé mais à l'avenir ce sera toute une succession d'auteurs qui permettra à Spirou de passer les années.

Jijé, seul aux commandes de Spirou, donne au personnage un acolyte fantasque et dans le ligné des zazous de l'époque. A la demande de Jean Doisy, il fait de Fantasio, un personnage apparaissant dans le journal, un personnage de premier rang de l'univers du groom. Jijé apporte à Spirou une allure plus élégante avec notamment de longues jambes. Certains observateurs trouvent même qu'il se féminise.

Le 2 septembre 1943, l'interdiction de parution devient inévitable pour Le Journal de Spirou. Le journal sera absent des kiosques jusqu'à la libération de la Belgique. Toutefois, Spirou ne reste pas muet : d'une part, le spectacle de marionnettes poursuit sa tournée en Wallonie et d'autre part, le même mois est publié l'album "L'espiègle au grand cœur".

En septembre 1944, la Belgique est libérée, très vite Le Journal de Spirou fait son retour dans les kiosques et retrouve aussitôt le succès auprès de ses lecteurs.

     

 

 

Spirou de mains en mains

En 1946, Jijé débordé par de multiples projets propose de confier Spirou à l'un de ses élèves. Agé de 22 ans, issu d'un studio de dessins animés, André Franquin s'approprie Spirou d'une telle manière qu'aujourd'hui encore beaucoup croient qu'il en est le père. D'une part, il affine le dessin des personnages et d'autre part il fait évoluer la série d'histoires courtes à de vraies aventures aux scénarii travaillés. Par ailleurs, Franquin développe autour de Spirou tout un univers qui va servir de socle à la majorité des auteurs qui lui succèderont : Zantafio, Champignac (avec son château, son Comte et ses villageois), Zorglub, Seccotine et le Marsupilami. Avec Franquin, Spirou devient un héros (au sens premier du terme) qui s'engage pour des causes humanistes et sociales avec énergie et humour.

Le 1er mai 1947, le magazine se rebaptise "Spirou" tout simplement.

En 1968, après 22 ans de travail sur la série, n'ayant jamais été véritablement à l'aise avec ce personnage qu'il n'a pas créé et après une dépression, Franquin décide d'arrêter de dessiner Spirou. Les Editions Dupuis choisissent pour lui succéder un inconnu : Jean-Claude Fournier. Ce dessinateur breton va donner une interprétation assez poétique du personnage mais aussi une vision post soixante-huitarde plus proche de la réalité de la société. Outre une évolution vestimentaire, Spirou se lance dans des combats écologiques et des aventures plus en phase avec le contexte géopolitique international. Si certains lui reprochent sa vision trop bretonne de Spirou, il apporte aussi beaucoup à l'univers de la série avec des personnages comme Itoh kata ou Ororéa.

En 1980, Fournier est remercié alors qu'il prépare un nouvel album. Les Editions Dupuis font le choix d'un duo pour animer la série : Nicolas Broca, dit Nic, novice en bande dessinée mais reconnu dans le monde du dessin animé, et Raoul Cauvin, scénariste remarqué. Avec la consigne d'oublier l'univers bâti par Franquin en se recentrant sur le trio Spirou, Spip et Fantasio, les deux auteurs ont un peu les mains liées. De leurs 3 albums, il ne sort rien d'extraordinaire et l'éditeur les remercie.

En 1984, les Dupuis confient Spirou au duo Tom et Janry (Philippe Vandevelde et Jean-Richard Guerts de leurs vrais noms) qui se sont faits remarqués au travers d'une rubrique dans Le Journal de Spirou. Le duo reprend la série dans la suite de Franquin et Fournier, comme si les planches de Nic et Cauvin n'avaient pas existé. La reprise est autant visible au niveau de la reprise de l'univers construit par leurs deux ainés (Spirou et Fantasio en colocation, personnages secondaires, Champignac…) que dans le style graphique. Toutefois, le duo apporte leur touche avec une modernisation de la série (vêtements, voitures…), avec des nouveaux personnages (Vito…), avec un grand sens de l'action et avec l'humour comme élément de base ou fil rouge de tous les scénarii.

En 1987, après s'être déchaînés dans l'album "la jeunesse de Spirou", Tome et Janry créent la série dérivée "Le petit Spirou" pleine d'humour et d'impertinence. La série prend très vite son indépendance au point de ne plus être toujours en phase d'un point de vue temporelle avec la série mère. Ainsi, si Spirou était enfant dans les années 1930, le petit Spirou est bien un enfant d'aujourd'hui ! La série est un gros succès.

Le 5 octobre 1988, le magazine adopte le nom de "Spirou Magaziiiine".

Le 12 janvier 1994, le magazine revient à son précédent nom "Spirou".

En 2000, avec "la machine qui rêve", les deux hommes tentent une aventure dans un style semi réaliste et plus mature. Mais ce changement avec des personnages plus noirs, blessés, parlant de leurs sentiments… ne fût pas apprécié des lecteurs. Si certains parlent d'un virage brutal, des spécialistes de la série considèrent qu'il avait été en fait amorcé depuis plusieurs albums. Même si ce changement du style qui voulait renouveler la série est considéré comme "courageux et louable", "Spirou et Fantasio" perdent de leur attrait en devenant plus réaliste.

Suite à ce simili échec de cet album et au manque de soutien de l'éditeur, Tome et Janry arrêtent leur travail alors qu'ils préparent le retour de Zorglub avec "Spirou à Cuba" mais conservent la série "Le Petit Spirou".

En 2004, Jean-Davis Morvan et José Luis Munuera reprennent la série et lui apportent un ton plus sérieux et font évoluer le graphisme des personnages. Tout comme avec Tome et Janry, le dessin reste proche du style de Franquin tout en intégrant une touche rappelant les mangas dans le découpage et le mouvement. Malgré de très bonnes histoires, l'évolution des personnages inquiète les Editions Dupuis et ne fait pas l'unanimité des lecteurs. L'épisode "Aux sources du Z" qui tente de créer une ligne temporelle parallèle pour relancer la série avec une vision différente ne séduit pas et le duo quitte la série.

Le 25 janvier 2006, le magazine devient "Spirou HeBDo".

En 2006, les Editions Dupuis lancent la série "Une aventure de Spirou et Fantasio par…". Cette série parallèle offre la possibilité à un auteur (ou un duo d'auteurs) extérieur à la série dite classique de donner sa vision du monde de Spirou et Fantasio avec son style propre. Les histoires présentées ne doivent pas interférer avec la série classique. La même année, faisant suite à la publication de "Spirou à Tokyo", Morvan et Munuera signent avec un auteur nippon "Des valises plein les bras" qui se veut être le premier épisode d'une série de Spirou en manga. La série viendrait en parallèle de la série originale [nota : en réalité parallèle, puisqu'elle démarre avec le premier jour de Spirou au New Moustique Hotel de Tokyo et sa rencontre avec Spip et Fantasio]. A ce jour, il n'y a pas eu de suite à ce pilote.

Début 2007, Dupuis annonce la fin de sa collaboration avec Morvan et Munuera du fait de la baisse des ventes. Pendant plusieurs mois, il est envisagé que leur dernier album intitulé " Spirou, ami, partout, toujours" sortent dans la série "Une aventure de Spirou et Fantasio par…" avant de finalement sortir en album en novembre 2008 sous le titre "Aux sources du Z".

Le 16 avril 2008, le magazine revient à son précédent nom "Spirou" (encore).

En janvier 2009, les éditions Dupuis annoncent qu'ils confient la série à Yoann Chivard et Fabien Vehlmann, auteurs du premier album de la série "Une aventure de Spirou et Fantasio par…". Leur premier album sur la série classique arrive en septembre 2010. En reprenant la série classique, Yoann et Vehlmann tentent de faire la synthèse entre les différentes générations d'auteurs et de lecteurs : ils repositionnent les personnages dans leurs rôles d'origine, conserve l'univers de Franquin, Fournier ou Tome et Janry, modernisent les personnages, renouent avec le style graphique de Franquin tout en conservant la vitalité de Tome et Janry et l'animation moderne de Morvan et Munuera. Un savant cocktail qui fonctionne.

dernière mise à jour de cette fiche le 4 janvier 2014

 

 

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